Chevreul
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Biographie

Description brève:

L'ouvrage du chimiste français Chevreul a influencé les écoles artistiques connues comme l'mpressionnisme, le Néo-impressionnisme et le Cubisme orphique. Robert Delaunay a utilisé dans ses tableaux des « écrans simultanés ». Bien que l'oeuvre de Chevreul soit restée théorique et n'ait jamais été conduite à son terme, elle a influencé autant les conceptions d'Eugène Delacroix que celles de Georges Seurat sur les couleurs et sur l'art de les traiter. Chevreul y formule, entre autres, deux principes : « Lorsque l'oeil perçoit en même temps deux couleurs avoisinantes, elles paraissent aussi dissemblables que possible, tant du point de vue de la composition optique que de leur valeur tonale. » Et encore : « Dans l'harmonie des contrastes, la composition complémentaire est supérieure à toutes les autres. »

Bibliographie:

M. E. Chevreul, «De la loi du contraste simultané des couleurs et de l'assortiment des object colorés», Paris 1839; A. Hope und M. Walsh, «The Color Compendium», New York 1990; John Gage, «Kulturgeschichte der Farbe: von der Antike bis zur Gegenwart», Ravensburg: Maier, 1994, pp. 173-176.

Les couleurs

Aucun chimiste n'eut peut-être autant d'influence sur l'évolution de l'art que le Français Michel Eugène Chevreul (1786-1889) ; bien qu'il ne se soit guère intéressé à la façon dont les artistes comprennent et traitent les couleurs. Après avoir reçu une formation de chimiste, Chevreul fut nommé en 1824 directeur de la Manufacture des Gobelins. Il s'intéressa au problème de la teinture et donc aux couleurs. Devant surveiller la fabrication des colorants, il eut l'idée que les problèmes les plus délicats et les plus importants n'avaient rien à voir avec la chimie, mais bien plutôt avec l'optique : lorsqu'il arrivait qu'une couleur ne produisît pas l'effet escompté, cela ne venait pas des pigments, mais des tons colorés qui se trouvaient à proximité. Chevreul décida de traiter scientifiquement la chose à fond et fit paraître en 1839 son essai sur l'apparence des couleurs. Le titre de l'ouvrage est parfaitement explicite : De la loi du contraste simultané des couleurs (illustration du système historique). Chevreul y formule, entre autres, deux principes : « Lorsque l'oeil perçoit en même temps deux couleurs avoisinantes, elles paraissent aussi dissemblables que possible, tant du point de vue de la composition optique que de leur valeur tonale. » Et encore : « Dans l'harmonie des contrastes, la composition complémentaire est supérieure à toutes les autres. »

L'ouvrage de Chevreul influença les écoles artistiques connues comme l'Impressionnisme, le Néo-impressionnisme et le Cubisme orphique. Robert Delaunay (1885-1941) utilisa plus que les autres dans ses tableaux des « écrans simultanés ». Bien que l'oeuvre de Chevreul soit restée théorique et n'ait jamais été conduite à son terme, elle influença autant les conceptions d'Eugène Delacroix (1798-1863) que celles de Georges Seurat (1859-1891) sur les couleurs et sur l'art de les traiter.

Léonard de Vinci avait remarqué jadis que les couleurs s'influencent réciproquement lorsqu'elles sont vues l'une à côté de l'autre ; mais Goethe fut le premier à attirer précisément l'attention sur les contrastes qui accompagnent le phénomène et il les a décrits de manière si pénétrante qu'il a bien fallu le prendre en considération. Le même rouge, vu simultanément sur un fond jaunâtre et sur un fond violet, semblera tirer vers le rouge foncé dans le premier cas, vers l'orange dans le second. Chevreul put ainsi différencier deux manières selon lesquelles ce contraste simultané peut se produire et il parla à ce sujet de variations d'intensité ou de « composition optique ». Nous savons aujourd'hui, de manière plus précise, qu'il existe trois composantes qui peuvent se modifier sous l'influence d'un environnement coloré différent. Ces trois composantes correspondent en fait aux paramètres d'un système spatial de couleurs : ce sont la luminosité, la direction et la nuance. Une seule et même couleur paraîtra plus claire sur un fond sombre, plus foncée sur un fond clair : un rouge pur paraîtra plus rouge sur un fond jaunâtre, plus jaune sur un fond rougeâtre ; un rouge grisé paraîtra plus coloré (moins gris) sur un fond gris que sur un fond riche en couleurs.

On peut reproduire simplement cet échange simultané des couleurs à l'aide du cercle ou de la sphère chromatique, pourvu que l'on admette que la couleur du fond repousse celle du champ coloré considéré. Il est évident que notre perception doit le réaliser concrètement ; comme il est plausible de supposer, à cet effet, que l'oeil et le cerveau s'efforcent de percevoir le plus nettement possible les différences dans la nature, l'explication au moyen des déplacements sur le cercle chromatique est cohérente.

Nous touchons ici pour la première fois au rôle actif du cerveau dans l'élaboration des couleurs, et nous pouvons ainsi nous accoutumer à l'idée que les couleurs représentent aussi les « exploits » du monde dans notre tête comme on pourra le montrer avec plus de précision encore en recourant plus amplement aux témoignages de la physiologie.

Revenons à Chevreul qui montre, dans son ouvrage de 1839, qu'une couleur donne à une couleur avoisinante une nuance complémentaire dans le ton. Il s'ensuit que les complémentaires opposés s'éclairent mutuellement et que les couleurs non-complémentaires paraissent "salies", comme lorsqu'un jaune placé près d'un vert prend une nuance violette.

Les lois du contraste chromatique occupèrent Chevreul dans sa recherche d'une bonne organisation des couleurs, dont il avait besoin pour la teinture des laines. Il mit donc au point le cercle chromatique à soixante-douze parties représenté ci-contre, qui définit les nuances par les différentes modifications qu'une couleur subit en tirant vers le blanc (élévation de son intensité) ou vers le noir (diminution de son intensité). Dix degrés sont ainsi possibles selon Chevreul. Il faut bien remarquer que dans son cercle chromatique, le chimiste place chaque couleur saturée à un degré différent de son secteur : le jaune pur est plus près du centre que le bleu pur ; le rouge pur est au quinzième degré de l'échelle. Les valeurs colorées des pigments prennent donc une place plus juste que dans les précédents systèmes.

Dans le cercle chromatique de Chevreul, on relève, à côté des trois couleurs primaires (le rouge, le jaune et le bleu), trois couleurs secondaires (l'orange, le vert et le violet, qui sont aussi les trois mélanges primaires) et six mélanges secondaires. Les secteurs ainsi obtenus sont divisés en cinq zones et chaque rayon est divisé en vingt échelons, comme une sorte d'échelle qui donne les divers degrés de clarté. La notation codée donne les proportions des couleurs : 9B/1C signifie, par exemple, que l'on aura, pour la couleur considérée, neuf parties de noir (Black) pour une partie de couleur (Color).

Avec sa demi-sphère, Chevreul a essayé de donner une représentation matérielle des couleurs dans l'espace. L'axe noir devient alors rayon, capable de parcourir et d'explorer les différents degrés.

Chevreul était convaincu que les multiples nuances et leurs harmonies se laisseraient exprimer par des rapports entre nombres et il voulait mettre dans les mains de tous les artistes qui utilisent la couleur un instrument de mesure adéquat. Malheureusement, si riches d'influence qu'aient été les systèmes d'harmonie que Chevreul nommait « harmonie d'analogues » et « harmonie de contraste », le chimiste n'a jamais pu découvrir la loi de l'harmonie des couleurs : c'est que, tout simplement, elle n'existe pas.



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